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Translation des Reliques de Saint-Vincent

Carte ancienne : Cœur du Tarn, Albi, Réalmont, Castres
Carte ancienne : Ambialet, Monts de Lacaune, Labastide Rouairoux

Tribulations des religieux pour s'approprier les reliques

Année 863

Pendant la totalité du moyen-âge, les religieux étaient friands de relique. C'était à la paroisse qui en aurait le plus ! Il a même existé des trafics de reliques...Ces temps là ont quelque peu évolué depuis très longtemps. Il est intéressant de raconter cet épisode dont on ne sait pas trop ou se termine la réalité et ou commence la fiction. On peut par exemple se demander pourquoi les religieux de Valence ont laissé partir les reliques. Mais ce sont des choses qui ont été attestées par certains, sinon, les deux moines bénédictins ne se seraient pas aventurés à les transcrire.


Il ne restait à Charles le Chauve, pour pacifier l'Aquitaine, qu'à dompter le jeune Pepin dont la jonction avec les Normands répandait la terreur dans tout ce royaume. Ces pirates, sous sa conduite, étendirent leurs courses jusques à Toulouse et en formèrent le siège. Aimoin, auteur contemporain, et religieux de Saint-Germain des Prés, fait mention de ce siège dans l'histoire de la translation des reliques de saint Vincent, martyr d'Espagne, à l'abbaye de Castres, en Albigeois, ouvrage qu'il composa à la prière de Bernon, abbé, et des religieux de ce monastère.

L'an 855, Hildebert, moine de l'abbaye de Conques, en Rouergue, se sentit inspiré d'aller à Valence, en Espagne, dans le dessein d'y enlever les reliques de saint Vincent, martyr. Il prit pour compagnon de voyage un de ses confrères, nommé Audalde, L'un et l'autre étant tombés malades dans la route, ce dernier continua seul le voyage et arriva enfin à Valence,où il eut le bonheur de découvrir les reliques du saint martyr. Il les emporta et, étant arrivé à Saragosse, le Seigneur, évêque de cette ville, s'en saisit sans savoir que ce fût le corps de saint Vincent. Audalde, dépouillé de ce trésor, retourna à son monastère où il fit à ses confrères le récit de son voyage et du malheur qui lui était arrivé en chemin ; mais, bien loin de vouloir ajouter foi à son témoignage, ils le traitèrent d'imposteur.
Ce religieux, piqué des railleries de ses confrères, pria son abbé de lui permettre de passer dans un autre monastère, ce qu'ayant obtenu, Gilbert, abbé de Saint-Benoît de Castres et successeur d'Hélisachar, le reçut dans le sien. Cet abbé et ses religieux, plus attentifs que ceux de Conques à la relation qu'Audalde leur fit du succès de son voyage d'Espagne et de l'accident qui lui était arrivé à Saragosse, résolurent de ne rien omettre pour retirer les reliques de saint Vincent des mains de l'évêque de cette ville. Huit ans et demi après ou l'an 863, s'étant ménagé les bonnes grâces de Salomon, comte de Cerdagne, dans la Marche d'Espagne, qui vivait alors en bonne intelligence avec les Sarrasins, ils communiquèrent leur dessein et le supplièrent de vouloir par sa protection et son crédit en favoriser l'exécution.

Le comte entra volontiers dans leur projet et, à la faveur de la paix qui régnait dans ce temps-là entre les Maures et les François, il fit un voyage à la cour de Cordoue. Il s'y plaignit au roi des Sarrasins de ce que l'évêque de Saragosse avait arrêté de sa propre autorité le corps d'un de ses proches parents, nommé Suniarius, qu'il faisait transporter d'Espagne en France, et lui demanda une ordre pour Abdalla, gouverneur de cette ville, afin d'obliger ce prélat à le lui remettre. Salomon, ayant obtenu sa demande à la faveur de quelques présents qu'il distribua à propos à la cour de Cordoue, se rendit à Saragosse où il fit avertir les religieux de Castres d'envoyer quelques-uns d'entre eux dans cette ville.
Abdalla, gagné par les présents qu'ils lui firent, exécuta fidèlement les ordres du roi et leur fit remettre par l'évêque Seigneur le précieux dépôt dont il s'était saisi. Les religieux de Castres le transportèrent ensuite dans leur monastère, suivis du comte Salomon qui voulut les accompagner. Au rapport d'Aimoin, Dieu opéra divers miracles dans la route par l'intercession de saint Vincent, et entre autres à Livia, lieu voisin de Carcassonne, et dans une église de cette ville qui subsistait alors sous l'invocation de ce saint martyr.

Suivant l'usage alors presque généralement observé, l'entrée des églises des monastères était interdite aux femmes ; il leur était seulement permis de faire leurs prières dans des oratoires qu'on avait coutume de construire hors de la clôture régulière. Les religieux de Castres, pour satisfaire la piété du peuple envers saint Vincent, déposèrent ses reliques dans la chapelle de Notre-Dame, voisine du monastère, en attendant qu'on eût bâti une église, sous l'invocation du saint, dont l'entrée fût libre aux personnes de l'un et de l'autre sexe. Tous les peuples des environs contribuèrent à l'envi à ce bâtiment et s'empressèrent d'aller à Castres visiter les reliques du saint, ce qui rendit ce lieu extrêmement célèbre. Hélisachar, évêque de Toulouse, accompagné de son clergé et d'une partie de son peuple, y alla entre autres en pèlerinage et, pour témoigner son respect envers saint Vincent, il descendit de cheval à neuf milles du monastère et fit le reste du chemin pieds nus.


 

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La cathédrale Sainte Cécile a été inscrite au patrimoine mondial de l'humanité le 31 juillet 2010

Autres sites du même auteur : Le Canal du Midi, Louisa Paulin poétesse occitane

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