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Publication de la croisade contre les Albigeois

Carte ancienne : Lavaur, Puylaurens, Castelnaudary
Carte ancienne : Albi, Réalmont, Castres, le cœur du Tarn

Le pape Innocent III décide la croisade

An 1208

Après le meurtre du légat du pape, Pierre de Castelnau, dont aucune enquête ne permet d'établir qui est le vrai coupable, la croisade contre les albigeois est déclarée par le pape. La guerre contre les hérétiques et leurs complices va commencer. C'est dans une lettre du 10 mars 1208 qu'Innocent III déclenche cette guerre : « En avant ! Chevaliers du Christ ! En avant ! Courageuses recrues de l'armée chrétienne ! Que l'universel cri de douleur de la sainte Église vous entraîne. Qu'un zèle pieux vous enflamme pour venger une si grande offense faite à votre Dieu... »


Nous inférons de la lettre qu'Innocent II écrivit à l'abbé de Cîteaux que le collègue du légat Pierre de Castelnau, qui fut présent à Saint-Gilles lorsque ce religieux fut tué, mais dont le pape ne dit pas le nom, était l'évêque de Conserans et non cet abbé, quoique l'historien du comte de Toulouse fasse entendre le contraire. Il paraît, en effet, par cette lettre, supposé qu'elle soit datée du 10 mars de l'an 1208, comme les autres, car cela n'est pas marqué, que l'abbé de Cîteaux était en France dans le temps du meurtre de Pierre de Castelnau, au lieu que nous avons des preuves que l'évêque de Conserans était, vers le même temps, aux environs de Saint-Gilles. C'est ce qu'on voit par un acte dans lequel il est dit : « que l'évêque de Conserans, légat du Saint-Siège, étant à Avignon, entre la Nativité et le premier jour de carême de l'an 1208, il ordonna à l'évêque de cette ville d'enjoindre aux habitants de détruire un fort que le comte de Toulouse avait fait construire au pont de Sorgues, et dont il se servait pour rançonner ceux qui passaient dans le grand chemin, avec promesse que si ce prince leur cherchait querelle à cette occasion, il obtiendrait une bulle du paspe qui les mettrait sous sa protection et excommunierait le comte et tous ses partisans. » Sur cette promesse, les consuls et les habitants d'Avignon rasèrent le fort.

L'abbé de Cîtaux et les religieux de son ordre, après avoir reçu leurs pouvoirs de Rome, prêchèrent dans tout le royaume la croisade contre les hérétiques de la Province et publièrent les indulgences que le pape y avait attachées. Un grand nombre de princes et de seigneurs s'empressèrent de s'engager dans cette expédition, dans l'espérance de gagner plus commodément, et sans tant de frais, l'indulgence qui était accordée à ceux qui allaient servir dans la Terre-Sainte. Gui, abbé de Vaux-Cernay, retourna en France pour presser le départ de ces nouveaux croisés, et il fut un des plus ardents prédicateurs de cette croisade : il persuada entre autres à Eudes III, duc de Bourgogne, d'y prendre part, et à Simon de Montfort de l'y suivre[1]. Les plus qualifiés d'entre les autres qui prirent la croix furent les comtes de Nevers, de Saint-Paul, d'Auxerre, de Genève, de Forez, etc. Tous ces croisés, pour se distinguer de ceux qui se destinaient pour la Terre-Sainte, mirent la croix sur la poitrine, au lieu que les derniers la portaient sur l'épaule[2].

Notes :
[1] La prédication de la croisade ne fut pas sans rencontrer quelques obstacles. Philippe-Auguste, notamment, si nous en croyons un acte inédit que l'on peut voir au tome VIII essaya de modérer la ferveur religieuse qui poussait ses vassaux à s'engager dans cette aventureuse expédition. Par cet acte, de mai 1208, il donne permission à Eudes, duc de Bourgogne, et à Hervé, comte de Nevers, de prendre la croix contre les albigeois, qu'il appelle les ariens. Mais en même temps il déclare que seuls les chevaliers de Bourgogne et de Nivernais pourront user de la permission ; il estime leur nombre à cinq cents. Nul doute, d'ailleurs, qu'il n'ait dû renoncer à cette clause restrictive ; la plupart des provinces du nord de la France fournirent des soldats à la croisade, et la pièce est cancellée dans le registre original, preuve qu'elle fut jugée bientôt inutile. [A.M.]
[2] Personne n'a encore dressé la liste des croisés de 1209, et il serait assez difficile d'en faire une quelque peu complète. En effet, les chroniqueurs ne mentionnent que les principaux seigneurs, et pour faire un pareil travail il faudrait dépouiller, non-seulement les cartulaires de la France, mais encore ceux des pays voisins : Belgique, Allemagne, Suisse, etc. Remarquons, en outre, que chaque année une et souvent deux fois par an, les légats et les prédicateurs amenaient au comte de Montfort une nouvelle levée de pèlerins, qui s'empressaient de repartir après avoir fait leurs quarante jours. On peut toutefois assurer que ce fut le Nord de la France qui donna le plus d'hommes et d'argent, et que de tous les pays étrangers l'Empire fournit le plus de soldats. Aucun nom italien n'est cité par les chroniqueurs, et l'état de l'Angleterre, l'hostilité du roi Jean empêchèrent les barons anglo-normands de prendre à cette guerre une part active. Les chefs de l'expédition furent tous Français et pour la plupart de l'Ile de France (Simon de Montfort, Robert de Mauvoisin, Gui de Lévis, etc.) [A.M.]

Observation :
Ces notes, rédigées par Auguste Molinier, datent de l'édition Privat à partir de 1875.


 

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