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Saint Salvy évêque d'Albi

Carte ancienne : Cordes, Castelnau de Montmirail, Graulhet
Carte ancienne de l'Oues du département du Tarn

Le parcours catholique de Saint Salvi

Aux temps du règne de Chilpéric et de Frédégonde, le parcours religieux du célèbre évêque Saint-Salvi, ami du non moins célèbre Grégoire de Tours.


Saint Salvi, dont Grégoire de Tours, son ami particulier, nous a laissé un grand éloge, était déjà célèbre dès ce temps-là par la réputation de son éminente sainteté. On ne sait rien de sa naissance ; il paraît cependant par la tradition du pays qu'il naquit à Albi ou dans quelque autre endroit de ce diocèse. Il fréquenta d'abord le barreau durant sa jeunesse, qui fut extrêmement réglée, et s'acquit beaucoup de réputation dans la fonction d'avocat;mais son inclination naturelle pour un genre de vie plus tranquille l'ayant porté à quitter cette profession, il embrassa l'état monastique sous la règle des Pères. Il se distingua si fort dans ce nouvel état par la pureté de ses mœurs et l'exacte observance de ses devoirs, que l'abbé du monastère où il s'était consacré au service du Seigneur étant mort, il fut élu à sa place par la communauté ; mais ne pouvant allier son attrait pour la vie contemplative avec les devoirs de la supériorité, il y renonça et se renferma dans une cellule, dans le dessein d'y vivre reclus le reste de ses jours. Son assiduité à la prière, l'austérité de sa vie et son exacte retraite lui attirèrent une si grande réputation, qu'il fut obligé de rompre quelquefois le silence auquel il s'était condamné, pour écouter ceux qui venaient le consulter et recevoir ses avis ; il priait avec eux et leur distribuait des eulogies qui opéraient divers miracles.

Grégoire de Tours rapporte que ce saint solitaire étant tombé malade, son mal augmenta tellement qu'on le crut véritablement mort. On se disposait pour la cérémonie de ses obsèques, quand tout à coup il revint à lui-même, au grand étonnement de tous les assistants. Il passa ensuite trois jours sans rien dire et sans rien prendre. Le quatrième jour, il raconta à ses frères les grâces ineffables qu'il avait reçues de Dieu et les choses admirables qu'il avait vues ; mais, se repentant bientôt après d'avoir trop parlé et voulant punir son indiscrétion, il se condamna à un silence perpétuel.

Cet événement singulier donna un nouvel éclat à sa sainteté. Le siège épiscopal d'Albi étant venu à vaquer, il fut élu pour le remplir et ensuite ordonné, nonobstant son extrême répugnance. Quelque pesant que lui parût ce fardeau, il trouva pourtant le secret de le rendre doux et léger par son attention à s'acquitter de tous les devoirs de son ministère et par le soin qu'il prit de bien conduire son troupeau et de le consoler dans ses tribulations. L'amour qu'il avait pour les peuples de son diocèse parut principalement pendant la peste qui affligea l'Albigeois, la dixième année de son épiscopat. Touché de voir emporter par ce fléau la plus grande partie de ses diocésains, il exposa sa vie comme un bon pasteur pour le salut de ses brebis ; il tâcha de leur procurer toute sorte de soulagement et se servit utilement de cette calamité publique pour les porter à la pénitence. C'est sans doute la même contagion qui fit tant de ravages dans la ville d'Albi, en 584, et dont Grégoire de Tours fait mention dans un autre endroit. Comme nous savons que ce saint prélat mourut cette même année, il y a apparence qu'il fut attaqué de ce mal et qu'il fut emporté par sa violence.

Le désintéressement de Salvi et sa charité envers les pauvres, les malades et les malheureux étaient sans bornes. Nous avons déjà parlé des soins qu'il se donna pour procurer la liberté à un grand nombre de ses diocésains que le général Mommole emmenait prisonniers, après avoir ravagé l'Albigeois ; mais autant la charité de ce saint prélat était ardente et ingénieuse, autant sa foi était pure et courageuse. Il fit paraître entre autres son amour pour celle-ci à l'occasion d'un traité théologique que le roi Chilpéric avait composé et dans lequel se prince prétendait qu'on ne devait admettre ni le nom ni la distinction des personnes en Dieu ; que le nom de personne ne convenait qu'aux hommes mortels ; que le Père et le Fils ; ce qui était le pur sabellianisme. Chilpéric ayant lu cet ouvrage à Salvi et à Grégoire de Tours, qui se trouvaient alors à sa cour, les pressa de lui donner leur approbation ; mais ces deux illustres prélats, voyant l'impiété de ce traité, n'omirent rien pour la faire connaître à ce prince ; le zèle de Salvi alla même si loin qu'il aurait mis cet écrit en pièces, s'il avait pu s'en saisir lorsqu'on lui en fit la lecture.

Salvi s'étant rendu, l'an 580, au concile de Braine, dans le Soissonnais, de concert avec les autres évêques, sujets du roi Chilpéric, déclara innocent Grégoire de Tours, que Frédégonde voulait perdre et contre lequel elle avait suscité une accusation des plus atroces. Après le concile, ce dernier rencontra Salvi à l'entrée du palais de Chilpéric, dans le temps que les évêques, prêts à partir pour leurs diocèses, allaient prendre congé de ce prince. Grégoire tira alors l'évêque d'Albi à l'écart pour converser quelque temps avec lui avant que de se séparer. Leur conversation était à peine commencée que celui-ci l'interrompant : Voyez-vous, lui dit-il, quelque chose sur le toit du palais du roi ? Je n'y aperçois autre chose, répondit Grégoire, que la nouvelle couverture que ce prince a fait mettre depuis peu. Quoi ! répliqua Salvi, vous ne voyez rien davantage ? Et moi, continua-t-il en soupirant, j'y vois le glaive de la colère de Dieu prêt à fondre sur cette maison. L'événement justifia la vision du prélat ; Chilpéric vit périr, dans l'espace de vigt jours, d'une maladie épidémique qui ravageait alors toutes les Gaules, ses deux fils Chlodobert et Dagobert qu'il avait eus de Frédégonde, sans que ni la pénitence de cette reine, ni celle du roi, son époux, qui, pour apaiser la colère de Dieu, supprima les cens extraordinaires qu'il faisait lever sur les peuples et dont il fit brûler les registres, pussent garantir ces deux jeunes princes de la mort. Elle fut suivie, quelque temps après, de celle de Clovis, le seul des princes qui restait à Chilpéric de ses deux précédentes femmes.

Saint Salvi voyant, quelques années après, que ses forces diminuaient de jour en jour et que son terme approchait, fit faire son cercueil, se leva de son lit et, s'étant habillé, rendit son âme à Dieu le 10 de septembre de l'an 584 ou, selon d'autres, de l'année suivante. Il faut inhumé dans une église de sa ville épiscopale qui prit son nom dans la suite et qui devint la sépulture des évêques, ses successeurs. On y bâtit un monastère dont nous aurons occasion de parler ailleurs. C'est aujourd'hui une collégiale où on conserve les reliques de ce saint prélat. On ignorait, au douzième siècle, l'endroit où elles reposaient, lorsqu'elles furent heureusement découvertes, l'an 1194, dans la même église, avec plusieurs autres, sous une grande maçonnerie, derrière l'autel de Saint-Saturnin. Saint Salvi avait une nièce appelée Disciole, qui embrassa la profession religieuse, sous la discipline de sainte Radegonde, abbesse du célèbre monastère de Sainte-Croix de Poitiers. Elle y mourut en odeur de sainteté.

Désidératus succéda immédiatement à saint Salvi dans l'évêché d'Albi. Quelques modernes prétendent que ce fut saint Theofrid ou Theudefred qui avait été auparavant moine de Luxeuil et ensuite abbé de Corbie, dont on célèbre la fête, depuis quelque temps, dans le diocèse d'Albi, le 16 du mois de février ; mais il est évident que ce prétendu évêque d'Albi n'est point différent de saint Théofrid, évêque d'Amiens au septième siècle, qui fut en effet, moine de Luxuil et abbé de Corbie et qui succéda à saint Sauve, son prédécesseur. L'erreur vient de ce que, dans les éditions de Trithème, où il est parlé de cet évêque d'Amiens, on lit episcopus Albianensis, au lieu qu'il faut lire Ambianensis. Cette erreur en a attiré une autre et a fait que quelques auteurs ont confondu saint Sauve, évêque d'Amiens, prédécesseur de saint Théofrid, avec saint Salvi, évêque d'Albi.


 

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