Il parait que Trencavel, qui se qualifiait toujours vicomte de Béziers, servit alors sous les enseignes due roi d'Aragon. Nous savons du moins qu'il s'était retiré à sa cour, et qu'il y était au mois de mai de l'an 1236. Il avait sans doute embrassé ses intérêts durant le différend que ce prince eut, l'année précédente, avec Nugnez-Sanche, comte de Roussillon, qui prétendait la suzeraineté sur la ville de Carcassonne et le Carcassès, sur l'honneur de Trencavel, sur la vicomté de Narbonne, etc, tant en vertu de la substitution testamentaire de Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelonne et prince d'Aragon, son aïeul paternel, que d'une donation faite au comte Sanche, son prère, par Alfonse II, roi d'Aragon, son oncle paternel et aïeul du roi Jacques.
Nugnez prétendait de plus avoir des droits sur le comté de Provence et la vicomté de Millau, en Rouergue. Jacques, roi d'Aragon, son neveu à la mode de Bretagne, lui demandait de son côté la restitution du Valespir, du Capcir et de quelques autres domaines. Enfin ces deux princes passèrent un compromis, au mois de mai de l'an 1235, et, par l'accord qui s'en suivit, Jacques, voyant qu'il était héritier présomptif du comte de Roussillon, qui n'avait pas d'enfants, lui compta une somme et lui laissa la possesssion des comptés de Roussillon, Cerdagne, Conflent et Valespir, et de tous les autres domaines dont il jouissait.