Sainte Carissime et Sainte Martiane

Les reliques de saint Eugène et de saint Amarant furent conservées dans la même église jusques à la fin du quinzième siècle que Louis d'Amboise, évêque d'Albi, pour augmenter leur culte qui était assez négligé, les fit transférer dans sa cathédrale de Sainte-Cécile, l'an 1494, avec celles des saints Vindémial et Longin, martyrs, et de sainte Carissime, vierge, qui reposaient dans le même lieu. L'église d'Albi célèbre cette translation le 2 d'octobre.

Il paraît, par ce que nous venons de dire, qu'à la fin du quinzième siècle on croyait posséder, dans l'église de Vieux, non-seulement le corps de saint Eugène, évêque de Carthage, mais encore ceux des deux saints évêques Vindémial et Longin, qui furent couronnés du martyre en Afrique, durant la persécution des Vandales. C'est le monument le plus ancien qu'on connaisse pour assurer à l'église de Vieux et à celle d'Albi la possession des reliques de ces deux saints martyrs. Il est vrai que les chartes du dixième siècle semblent faire mention indirectement de cette possession ; car, après avoir parlé des reliques des saints Amarant, Eugène et Carissime, conservées à Vieux, elles ajoutent ces mots corrompus : et centa sanctorum c'est-à-dire coetus ou assemblée des saints, ce qui peut donner lieu de croire qu'on conservait plusieurs autres reliques des saints Vindémial et Longin, évêques d'Afrique, elle en est redevable sans doute à saint Eugène, qui dut apporter leurs corps avec lui, lorsqu'il vint en exil dans les Gaules.

Quant à sainte Carissime ou Carême, ainsi qu'on l'appelle dans le pays, on prétend qu'elle était native d'Albi et contemporaine de saint Eugène. Le propre de ce diocèse rapporte sa vie assez au long ; mais nous n'avons rien de bien certain sur cette sainte, dont on fait la fête dans le même diocèse, le 7 de septembre, sinon que son corps reposait dans l'église de vieux au commencement du dixième siècle, ainsi qu'on l'a déjà dit.

Nous dirons ici un mot, par occasion, de sainte Martiane, vierge. On ignore le temps où elle a vécu ; on la fait native de la même ville d'Albi. Suivant sa légende, elle embrassa la vie religieuse sous la conduite d'une supérieure appelée Tarbie, peut-être fut-ce dans le monastère de Troclar, fondé dans le même pays par sainte Sigolène, dont nous parlerons dans la suite. Cette légende ajoute qu'elle vivait sous l'épiscopat de Polimieus, évêque d'Albi, dont on ne trouve rien dans les mémoires de son église, et dont le nom ne paraît même pas dans les catalogues qu'on a donnés jusqu'ici. On ne sait donc rien de bien certain touchant cette sainte. On conserve ses reliques dans une paroisse de son nom de la ville d'Albi, et on y célèbre sa fête le 5 de novembre, ainsi que dans le reste du diocèse. Parmi les miracles opérés à son tombeau, on rapporte celui d'une femme injustement accusée d'adultère qui, après avoir affirmé par serment sur les reliques de la sainte qu'elle était innocente, fit l'épreuve du feu et passa sur neuf coutres ardens, sans souffrir le moindre mal.