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Prise de Lavaur

Carte ancienne : Lavaur, Revel, Puylaurens
Carte ancienne : Castres, Mazamet, Brassac
Carte ancienne : Murat sur Vèbre

Le 3 mai 1211, Lavaur tombe dans les mains des croisés

Après la prise de Béziers, il s'agit de l'un des épisodes les plus tragiques de la croisade albigeoise, mais il y en a eu beaucoup et pendant de longues années. A cette époque, il s'agit de montrer aux vaincus qui est le maître et la pratique du massacre est courante. Seules, les réditions rapides peuvent permettre de l'éviter. Il s'agit en effet de faire peur au moyen d'exemples. Voilà le récit des deux moines bénédictins :


Le siège de cette ville traînait en longueur par la vigoureuse défense des assiégés, qui, pour faire preuve de leur force, se montraient à cheval sur les remparts, armés de toutes pièces.
Entre les diverses machines que les assiégeants employèrent pour abattre les murailles, ils en élevèrent une qu'on appelait cat (catus) ou guate, et qui servait à lancer des pierres. Ils la poussèrent jusqu'au bord du fossé, qu'ils tâchèrent ensuite de combler par une grande quantité de fascines, dans le dessein de faire approcher ensuite cette machine de plus près ; mais les assiégés enlevaient les fascines pendant la nuit par un conduit souterrain qui aboutissait à cet endroit du fossé, en sorte que c'était tous les jours à recommencer. Les assiégés enlevaient encore par ce conduit ceux qui travaillaient à combler le fossé.
Enfin, ils entreprirent une nuit de mettre le feu à la machine ; deux comtes allemands, qui en avaient la garde avec quelques troupes de leur nation, résistèrent d'abord ; mais ne pouvant plus soutenir les efforts des assiégés, ils furent contraints de se jeter dans le fossé en attendant du secours ; il arriva bientôt, et les croisés obligèrent à la fin les assiégés à rentrer dans leur conduit, après leur avoir tué ou blessé plusieurs des leurs.

Les croisés désespéraient toutefois de pouvoir combler le fossé et de se rendre maîtres de la place, lorsque l'un d'eux proposa un expédient qui réussit. On boucha l'ouverture par laquelle les assiégés entraient librement dans le fossé avec une grande quantité de branches d'arbres, toutes vertes ; on y mit ensuite du bois sec et menu, des étoupes et diverses autres matières combustibles enduites de graisse toutes allumées ; enfin on remit par dessus du bois vert, des bottes de foin mouillées et de l'herbe ; cet amas remplit la caverne d'une fumée si épaisse qu'il ne fut pas possible aux assiégés de se servir de ce passage pour s'opposer aux desseins des croisés, lesquels comblèrent le fossé sans obstacle, firent approcher la machine des murailles et travaillèrent à la sape.
Les assiégés, de leur côté, firent des efforts incroyables pour s'opposer à ceux des croisés et jetèrent sur la machine, pour la brûler, une prodigieuse quantité de tisons allumés, de la graisse bouillante et des pieux aiguisés par le bout. Les évêques, l'abbé de la Cour-Dieu, qui exerçait les fonctions de vice-légat, et tout le clergé de l'armée chantaient cependant le Veni Creator et demandaient à Dieu la victoire par de ferventes prières. Enfin, les travailleurs ayant percé la muraille, les croisés entrèrent dans Lavaur et firent main basse sur tous les habitants qu'ils rencontrèrent, sans distinction ni d'âge, ni de sexe.
Un chevalier croisé, plus compatissant que les autres, ayant appris qu'un grand nombre de femmes s'étaient rassemblées avec leurs enfants dans une maison, alla demander grâce pour elles à Simon de Montfort qui la lui accorda ; et ce chevalier dont on ne dit pas le nom , les exempta par là du massacre général C'est ainsi que cette ville fut prise le jour de l'invention de Sainte-Croix, troisième de mai de l'an 1211.
On fit prisonnier Aymeri, seigneur de Montréal, et on le conduisit à Simon de Montfort avec quatre-vingts chevaliers ou gentilshommes de la garnison ; d'autres n'en mettent que soixante-quatorze. Simon ordonna aussitôt qu'on les fit tous pendre à des gibets qu'il avait fait préparer exprès. Aymeri fut exécuté le premier à une potence plus élevée que les autres ; mais comme elle n'était pas bien assurée, elle vint à tomber. Simon, voyant qu'on emploierait trop de temps à raffermir les autres, ordonna qu'on fit passer tous ceux qui restaient par le fil de l'épée, et cet ordre fut exécuté sur-le-champ.
Quant à Guiraude, dame de Lavaur, il la fit jeter toute vivante dans le fond d'un puits, qu'il fit ensuite combler de grosses pierres, à cause que c'était une hérétique obstinée. Un auteur étranger assure qu'elle déclara qu'elle était enceinte de son frère et de son fils ; mais le silence des autres historiens du temps qui ont écrit l'histoire de la guerre des albigeois, rend cette circonstance fort douteuse.

On trouva dans Lavaur un très grand nombre d'hérétiques que les croisés firent brûler tout vifs avec une joie extrême. Leur nombre montait, suivant un ancien auteur, à quatre cent hérétiques parfaits ; un autre ajoute qu'on leur offrit la vie, s'ils voulaient embrasser la foi catholique, mais qu'ils préférèrent la mort, s'y exhortèrent mutuellement et se précipitèrent eux-mêmes dans les flammes ; on pardonna au reste des habitants de Lavaur sous certaines conditions.
Quant au butin qui fut très considérable, on assure que Simon de Montfort se l'appropria et qu'il s'en servit pour satisfaire un riche marchand de Cahors qui lui avait prêté de grosses sommes.
Après cette expédition, l'évêque de Paris, Enguerrand de Coucy, Robert de Courtenay et Juël de Mayenne prirent congé de ce général et s'en retournèrent avec leurs troupes. Les Toulousains s'en retournèrent aussi, du consentement de Foulques, leur évêque et de l'abbé de la Cour-Dieu, qui faisaient la fonction de vice-légats dans le camp.


 

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