Égilses du Puy, d'Albi et de Mende

Le défaut de preuves solides sur les premiers évêques de Velais, d'Albi et de Gévaudan, pays anciennement compris dans l'Aquitaine, et à présent dans le Languedoc, nous met hors d'état de fixer l'époque précise de l'établissement de ces églises. En effet, nous ne connaissons presque que les noms des évêques de Velais qui ont siégé avant le sixième siècle. Les deux historiens de cette église rapportent à la vérité plusieurs circonstances de leur vie, mais ils ne se fondent que sur des bréviaires ou sur des légendes dont l'autorité est trop moderne. C'est sur ce fondement qu'ils donnent à cette église pour premier évêque saint George, qu'ils font disciple de saint Pierre, et dont l'église collégiale de son nom, dans la ville du Puy, conserve encore aujourd'hui les reliques. On met au nombre de ses successeurs saint Marcellin et saint Paulian. On transféra, à ce qu'on prétend, au neuvième siècle, les reliques du premier dans la ville de Monistrol, à quatre lieues du Puy. Le dernier a donné son nom à l'ancienne ville de Ruesium ou civitas Vellavorum, où l'évêché du pays fut d'abord établi et où ses reliques sont honorées. On veut que saint Évode, son successeur, appelé Vosy par le vulgaire, ait transféré le siège épiscopal dans la ville d'Anicium ou du Puy : nous faisons voir ailleurs que cette translation n'est pas à beaucoup près si ancienne.

Quelques auteurs prétendent que saint Firmin, disciple de saint Saturnin, premier évêque de Toulouse, fut un des premiers apôtres qui porta les lumières de la foi dans l'Albigeois ; que ce pays fut le premier théâtre de son zèle et de sa prédication et qu'il porta ensuite l'Évangile dans les autres provinces des Gaules. Ce sentiment ne s'accorde pas avec la tradition de l'église d'Albi qui reconnaît saint Clair, martyr, pour son premier évêque. On croit que ce dernier souffrit la mort à Lectoure, dans l'exercice actuel de son ministère, mais on ignore le temps et les circonstances de son martyre. Suivant une ancienne légende de l'église d'Albi, il était Africain de naissance, avait été ordonné évêque à Rome pour prêcher la foi dans les Gaules et avait fait plusieurs conversions dans la Narbonnaise avant que de fixer son siège à Albi, qu'il quitta après trois années d'épiscopat, pour continuer ses courses apostoliques dans la Novempopulanie. On ajoute qu'en partant de la ville d'Albi, qu'il avait délivrée de la peste et où il avait renversé les idoles, il laissa Antime pour son successeur ; mais tout cela parait appuyé sur des monuments fort douteux, et nous n'avons rien de bien certain sur les premiers évâques d'Albi avant Diogénien, qui vivait au commencement du cinquième siècle.

L'église de Mende, ville capitale du Gévaudan, reconnaît saint Sévérien pour son premier évâque, mais il paraît qu'on l'a confondu avec Sévérien, de Gabale, en Syrie, et que ce fut saint Privat, dont la vie et le martyre nous sont connus, qui fonda cette église. Ce dernier fut martyrisé au commencent du cinquième siècle, dans le temps de l'irruption des Vandales, comme nous le prouverons ailleurs. On lui donne pour successeur saint Firmin, dont ne ne connaît que le nom.