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Le Concile de Lombers

Carte ancienne : Vallée du Tarn, Alban, Vallée du Girou
Carte ancienne : Saint-Salvy de Carcavès, Lacaune et Saint-Pons
Carte ancienne : Lavaur, Puylaurens, Naurouze, Castelnaudary

Le concile de Lombers s'est tenu en 1165 au cœur de l'Albigeois

L'essentiel de ce concile, c'est le débat qui a eu lieu entre les hérétiques et les écclésiastiques

Où l'on voit une pointe de subjectivité sous la plume des moines bénédictins. D'autres sources nous indiquent que les hérétiques se seraient défendus, et auraient même attaqué, de manière bien plus intelligente que ce qui nous est raconté dans ce texte. Cet aspect sera évoqué un peu plus tard.


Les évêques et les seigneurs de la Province voulant arrêter les progrès de l'erreur, conformément au concile de Tours, s'assemblèrent vers le mois de mai de l'an 1165, à Lombers, petite ville du diocèse d'Albi, dont les habitants, entre lesquels il avait plusieurs chevaliers, protégeaient les hérétiques. Il paraît que Guillaume, évêque d'Albi, procura la tenue de cette assemblée à laquelle se trouvèrent avec lui Plons d'Arsac, archevêque de Narbonne, les évêques Aldebert de Nimes, Gaucelin de Lodève, Gérard de Toulouse, et Guillaume d'Agde ; et huit abbés dont quatre étaient du diocèse d'Albi, savoir : Roger de Castres, Henri de Gaillac, Pierre d'Ardorel, et celui de Candeil dont on ne marque pas le nom. Les quatre autres abbés étaient Raimond de Saint-Pons et Alphonse de Fontfroide, au diocèse de Narbonne, Raimond de Saint-Guillem, dans celui de Lodève, et Pierre de Cendras, dans celui de Nimes. Les prévôts des cathédrales de Toulouse et d'Albi, avec les archidiacres de Narbonne et d'Agde, et plusieurs autres ecclésiastiques y assistèrent aussi. Quant aux seigneurs séculiers, Constance, sœur du roi Louis le Jeune, et femme de Raimond V, comte de Toulouse, s'y trouva avec Trencavel, vicomte d'Albi, de Béziers, de Carcassonne et de Razès ; Sicard, vicomte de Lautrec, et Isarn de Dourgne. Ce dernier prenait son surnom d'un château situé dans l'ancien Toulousain, et aujourd'hui dans le diocèse de Lavaur. Il en partageait la seigneurie avec ses frères ; ils en avaient hérité de Pons, leur aïeul.

Une foule de peuple accourut de tous les environs à cette assemblée. Elle nomma d'abord des députés ou commissaires pour disputer contre les hérétiques qui se faisaient appeler bons-hommes et qui avaient à leur tête un nommé Olivier. On choisit pour cela les évêques d'Albi et de Lodève, les abbés de Castres, d'Ardorel et de Candeil, et un ecclésiastique nommé Arnaud de Beben L'évêque de Lodève interrogea ensuite les hérétiques au nom de l'évêque d'Albi qui comme diocésain, avait la principale autorité sur eux, et leur demanda s'ils recevaient la loi de Moïse et les autres livres de l'Ancien Testament : ils répondirent qu'ils n'admettaient que le Nouveau. Puis il les interrogea sur divers articles de la foi ; mais ils s'excusèrent de répondre, à moins qu'ils n'y fussent contraints, ou s'expliquèrent d'une manière ambiguë. Enfin, l'assemblée ayant écouté tout ce qui fut dit de part et d'autre, on fit silence et l'évêque de Lodève prononça le jugement au nom de l'évêque d'Albi et de ses assesseurs. Il déclara que ceux qui se faisaient appeler bons-hommes étaient hérétiques. « Je condamne , ajouta-t-il la secte d'Olivier et de ses associés, qui tiennent le sentiment des hérétiques de Lombers, quelque part qu'ils soient, suivant l'autorité des écritures. » Il rapporta ensuite plusieurs passages du texte sacré pour réfuter les erreurs des sectaires, qu'il partagea en six articles. Les hérétiques se récrièrent beaucoup contre cette sentence : ils prétendirent qu'elle était injuste et qu'ils ne pouvaient être jugés par l'évêque de Lodève qui était, disaient-ils, leur ennemi, un hérétique, un faux pasteur et un hypocrite. C'est la raison pour laquelle, ajoutèrent-ils, nous n'avons pas voulu lui rendre compte de notre foi ; mais nous offrons de prouver, par les évangiles et les épîtres, qu'il n'est pas un pasteur légitime, non plus que les autres prêtres et évêques, et qu'ils sont tous des mercenaires : « Ma sentence est juridique, répliqua ce prélat ; je suis prêt de la soutenir en la cour du pape Alexandre, en celle de Louis, roi de France, en celle de Raimond, comte de Toulouse, ou de sa femme qui est ici présente, et enfin en celle de Trencavel qui est aussi présent. » Ce dernier, en qualité de vicomte d'Albi, avait la principale autorité temporelle dans le pays, après le comte de Toulouse qui en possédait le comté.

Les hérétiques se tournant alors vers le peuple : Écoutez, dirent-ils, gens de bien, notre profession de foi. Ils parlèrent ensuite sur les articles contestés, comme les catholiques ; mais l'évêque de Lodève leur ayant proposé de faire serment qu'ils croyaient de cœur ce qu'ils venaient de confesser de bouche, ils le refusèrent, sous prétexte qu'il n'était pas permis de faire serment, suivant l'évangile et les épîtres, en quoi ils erraient manifestement. Aussi furent-ils condamnés de nouveau par l'évêque de Lodève qui prouva par divers passages du Nouveau Testament que le serment était permis, et qu'étant notés d'hérésie, ils devaient s'en purger par serment.

Ces prétendus bons hommes, se voyant convaincus sur ce point, s'excusèrent de faire le serment qu'on leur demandait, sous prétexte que l'évêque d'Albi leur avait promis de les en dispenser. Ce prélat se leva aussitôt et leur ayant donné un démenti formel, il confirma par son suffrage la sentence prononcée contre eux par l'évêque de Lodève, et défendit aux chevaliers de Lombers, en vertu de l'engagement qu'ils avaient pris avec lui, de protéger les sectaires. Les abbés de Castres, d'Ardorel et de Candeil et Arnaud de Beben, commissaires, confirmèrent ensuite la sentence ; elle fut souscrite après eux, en présence de tout le peuple, par l'archevêque de Narbonne, les autres évêques, abbés et ecclésiastiques ; par le vicomte de Trencavel ; par Constance, qui se qualifie sœur du roi de France et femme de Raimond, comte de Toulouse, et qui souscrivit immédiatement après Trencavel ; par Sicard, vicomte de Lautrec, et enfin par Isarn de Dourgne.

C'est ainsi que les hértétiques henriciens, connus alors sous le nom de bons-hommes, furent condamnés en 1165, dans le concile de Lombers, petite ville située à deux lieux d'Albi, vers le midi et les frontières du diocèse de Castres, et non à Lombez sur la Save, dans le Toulousain, comme quelques-uns de nos critiques les plus célèbres l'ont cru. La plupart des modernes se sont trompés aussi en rapportant ce concile à l'an 1176. Un des plus habiles d'entre eux remarque à cette occasion que les originaux du concile de Lombers prouvent que les hérétiques qui y furent condamnés étaient des manichéens, puisqu'ils rejetaient l'Ancien Testament et condamnaient le mariage. Du reste, nous n'entrerons pas ici dans le détail des autres erreurs qu'ils soutenaient ou que différents auteurs leur attribuent, il nous suffira de dire en général qu'ils étaient presque tous extrêmement ignorants et qu'ils n'avaient pas proprement de système uniforme, quoique le fond de leurs erreurs fût le pur manichéisme.


 

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Autres sites du même auteur : Le Canal du Midi, Louisa Paulin poétesse occitane

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