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Différends entre les officiers du roi et les évêques d'Albi

Carte ancienne : Ouest du Tarn, Lavaur, Puylaurens, Revel
Carte ancienne : De Carmaux à Castres, en passant par Albi et Réalmont

Un épisode des luttes entre le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir royal au temps de Louis IX

Durant la période qui suit la croisade albigeoise, sous les règnes de Louis VIII et Louis IX (donc saint Louis)le pouvoir ecclésiastique n'est pas trop copain avec le pouvoir royal. Il s'en suit pas mal de luttes entre les deux institutions. L'épisode qui nous intéresse aujourd'hui concerne l'évêque d'Albi


Il fut ordonné dans un nouveau parlement que le roi tint à la Toussaint de l'an 1259, « que l'évêque d'Albi (Bernard de Combret), répondrait à la Cour sur l'ajournement personnel qui avait été décerné contre lui pour avoir fait une assemblée de gens d'armes, parmi lesquels il y avait plusieurs proscrits (faiditos), contre la défense du sénéchal de Carcassonne, et on débouta l'archevêque de Bourges de la demande qu'il faisait, que ce prélat fût renvoyé à sa cour, à cause qu'il tenait de lui la ville d'Albi et qu'il était son suffragant. » Pour entendre le motif de cet arrêt, il faut reprendre les choses de plus haut.

A peine le roi Louis VIII eut-il pris possession de la ville d'Albi, après la cession qu'Amauri de Montfort lui eut faite de tous les droits qu'il prétendant y avoir, qu'il s'éleva de grands différends entre les officiers royaux et l'évêque au sujet de la juridiction temporelle que chacun d'eaux prétendait sur cette ville. Pierre de Colmieu, vice légat du Saint-Siège, tâcha de les terminer, en 1229, par une sentence arbitrale ; mais le sénéchal de Carcassonne et le bailli royal qui résidait à Albi, croyant que le roi était lésé dans ce jugement, n'y eurent aucun égard. L'évêque, de son côté, soutint ses prétentions avec beaucoup de chaleur, et les habitants ayant pris son parti, ils chassèrent de la ville le bailli royal, et empêchèrent qu'on ne levât le péage du roi. Le sénéchal de Carcassonne les fit citer à son tribunal pour les obliger à faire satisfaction ; mais ils refusèrent de comparaître. Le roi saint Louis étant parti ensuite pour la Terre-Sainte, ils promirent de s'en tenir à la décision de l'archevêque de Bourges et de Guillaume de Pian, sénéchal de Carcassonne, qu'ils prirent pour arbitres, du conseil de la reine mère. Ayant appris peu de temps après que ce prince avait été fait prisonnier à la Massoure, ils ne voulurent plus mettre l'affaire en arbitrage, formèrent diverses ligues ou associations, prirent les armes, s'assurèrent des portes de la ville et s'élevèrent de nouveau contre les officiers du roi ; en sorte qu'ils auraient tué le bailli royal, si Pierre, l'un des vicomtes de Lautrec, ne l'eût fait évader. Le sénéchal porta des plaintes de tous ces griefs à la reine mère, et lui adressa, en 1252, un mémoire dans lequel il marque en détail les droits qui, à ce qu'il prétendait, appartenaient aux anciens vicomtes d'Albi, que le roi représentait. Il assembla en même temps un corps de troupes et assiégea cette ville sur l'évêque, qui, pour se soutenir, vendit aux habitants de Gaillac le droit de pesade qu'il avait dans leur ville.

Ce prélat, voulant se mettre à l'abri des poursuites des officiers du roi, implora la protection de l'archevêque de Bourges, son métropolitain, dont il se rendit vassal et à qui il fit hommage, en 1254, pour sa ville épiscopale. Il mit ensuite un corps de troupes sur pied, appuyé du secours d'Isarn et d'Amalric, vicomtes de Lautrec, et de divers gentilshommes ; ravagea le pays pendant l'été de l'an 1259, et fit la guerre à l'abbé de Gaillac, qui était soutenu de son côté par Bertrand (le jeune), vicomte de Lautrec, Bertrand, vicomte de Bruniquel, que l'évêque fit prisonnier, et plusieurs autres seigneurs. Pierre d'Auteuil, sénéchal de Carcassonne, informé de cette entreprise, fit citer aussitôt à son tribunal l'évêque, les consuls et les habitants d'Albi, et leurs associés, et les somma de lui remettre les prisonniers qu'ils avaient faits. Ce prélat, sous prétexte que la seigneurie d'Albi lui appartenait sous le vasselage de l'archevêque de Bourges, refusa de répondre à la citation, et fit signifier au sénéchal un appel au roi. Le sénéchal, sans s'en embarrasser, assembla Olivier de Termes, Lambert de Turey, Pierre de Grave, et les autres principaux seigneurs de la sénéchaussée, se mit à leur tête, vint en Albigeois, se saisit du temporel de l'évêque et condamna les habitants d'Albi, qui s'étaient mis en état de lui résister, à une amende considérable. Ceux-ci eurent recours à la protection de l'archevêque de Bourges, leur prétendu seigneur, à qui ils écrivirent par leurs députés, et leur évêque s'étant rendu à un concile qui fut tenu à Bourges, au mois de septembre de la même année, et, à ce qu'il paraît pour cette affaire, pressa vivement l'archevêque de s'employer en sa faveur auprès du roi, qui l'avait fait citer, et qui rendit au parlement de la Toussaint l'arrêt dont on a déjà parlé.

L'évêque et les habitants d'Albi promirent enfin d'obéir aux ordres du sénéchal de Carcassonne, et se présentèrent devant lui à la Purification de l'année suivante. Cet officier condamna alors à diverses amendes Pierre, Isarn et Amalric, vicomtes de Lautrec, et plusieurs autres chevaliers du pays pour avoir pris les armes en faveur de l'évêque d'Albi ; Alfonse, comte de Toulouse, fit condamner aussi à des amendes par le sénéchal de cette ville tous ceux de ses sujets qui s'étaient trouvés dans la chevauchée et le conflit d'armes centre l'abbé de Gaillac et l'évêque d'Albi. Le sénéchal de Carcassonne fit faire cependant une nouvelle enquête pour prouver les droits que le roi avait dans Albi, entre autres celui de chevauchée. L'évêque renouvela de son côté, en 1262, son hommage pour la ville d'Albi à l'archevêque de Bourges, et les habitants députèrent à ce prélat pour lui demander sa protection. Enfin Bernard de Combret, las de tous ces troubles, demanda permission au pape Urbain IV de transiger avec le roi, et ils convinrent des articles suivants, au mois de décembre de l'an 1264 :

  • Le roi céda à l'évêque la haute justice dans la ville d'Albi.
  • Ils convinrent que la moyenne serait commune entre eux ; que leurs officiers l'exerceraient par prévention ; qu'ils partageraient les confiscations pour crime d'hérésie, etc.


 

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