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Sainte Sigolène

Carte ancienne du Pays d'Albi et partie du Diocèse de Castres Cordes, Albi, Réalmont, Castres
Carte ancienne De Pampelone à Saint-Amans Valtoret

Sainte Sigolène

Controverses au sujet d'une Sainte

On peut se permettre de douter assez fort de ce qu'ont écrit ici les deux moines bénédictins, comme le fait observer en annotation Émile Mabille (1828-1874) [E.M.] qui sera remplacé après son décès par Auguste Moninier [A.M.] en ce qui concerne les anotations qui suivront. Quoi qu'il en soit, le doute peut toujours subsister et ça reste une belle histoire à raconter...


L'usage des litanies était alors également commun aux églises de France et d'Espagne. Cela paraît par la vie de sainte Sigolène, abbesse, qui vivait, à ce qu'on prétend, vers la fin de ce siècle, ou, sans doute, auparavant, s'il est vrai qu'elle fût petite-nièce de saint Firmin, évêque d'Uzès, et sœur ou nièce de saint Goëric ou Abbon, évêque de Metz, comme on l'assure. quoi qu'il en soit, Sigolène naquit à Albi, d'une famille noble et ancienne. Elle avait deux frères, l'un nommé Babon, qui fut duc ou gouverneur de l'Albigeois, et l'autre Sigivalde qui, à ce qu'on croit, fut évêque de Metz [1]. Chrambrice, son père, lui donna une éducation chrétienne, et quoiqu'elle fût encore fort jeune, il la maria, dans son pays, avec un seigneur appelé Gisulfe. Elle passa le temps de son mariage dans les exercices de piété et se signala surtout par sa charité envers les pauvres. Devenue veuve à l'âge de vingt-deux-ans, elle profita de sa liberté pour se donner entièrement à Dieu, avec l'agrément de son père, qui le lui accorda avec peine, parce qu'il aurait souhaité la voir passer à de secondes noces.

L'évêque d'Albi la consacra diaconesse ; mais, pressée par l'attrait qu'elle sentait pour la retraite, elle pria son père de lui faire bâtir un monastère dans une de ses terres, appelée Troclar, où elle se renferma avec plusieurs vierges d'une naissance distinguée qui la suivirent et embrassèrent avec elle la vie monastique, sous la règle sainte, c'est-à-dire, comme l'on croit, sous celle de Saint-Benoît. Sigolène mérita d'être la première abbesse de ce nouveau monastère. Elle menait une vie si austère, que, sans une grâce particulière qui la soutenait, elle aurait succombé sous la rigueur de sa pénitence. Dieu fit connaître sa sainteté par divers miracles qu'il opéra par son ministère, et dont Évantius et Gisloalde, abbés du voisinage, furent témoins.

Après avoir édifié sa communauté, pendant tout le temps de son gouvernement, par la pratique de toutes les vertus religieuses, se sentant près de son terme, elle assembla ses filles et les exhorta à persévérer dans l'exercice de la pénitence, à vivre dans toute la sévérité de la règle et à s'efforcer d'arriver à la vie par la voie étroite qui est la seule qui y conduit. Le sixième jour de sa maladie, l'évêque Sigivalde, son frère, averti du danger où elle se trouvait, se rendit auprès d'elle pour l'assister. Il arriva le 21 de juillet, dans le temps qu'après avoir reçu le corps et le sang de Jésus-Chris, au milieu de sa communauté, elle eut entonné le psaume Miserere mei, Deus. Elle mourut trois jours après. L'odeur que répandit son corps dans le temps que, selon la coutume, on voulut faire la cérémonie de le laver, fut si suave, que tout le monastère en fut embaumé. On l'inhuma ensuite dans un endroit voisin appelé l'Isle (Insula) om était le cimetière des religieuses, et où Chramsice, père de Sigolène, avait fait bâtir un oratoire en l'honneur de saint Martin, avec un hospice pour les pèlerins. Les nouveaux miracles que Dieu opéra sur son tombeau confirmèrent, après sa mort, la réputation de sainteté qu'elle avait acquise de son vivant. L'auteur contemporain de sa Vie l'adressa à Aliphia qui avait succédé à la sainte, et qui fut la seconde abbesse de Troclar.

Cet auteur était religieux de ce monastère, qui, selon l'usage alors assez ordinaire, était double, et dont la principale église était dédiée sous l'invocation de la sainte Vierge. Cette abbaye a essuyé différentes révolutions et ne subsiste plus depuis plusieurs siècles. On a ignoré jusqu'ici sa véritable situation ; nous l'apprenons des titres de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, à laquelle elle fut unie par le pape Pascal II, au commencement du douzième siècle, et dont elle dépendit sous le titre de prieuré conventuel. Le monastaère de Troclar avait pris alors le nom de Sainte-Sigolène de la Grave, lieu situé sur la rive gauche du Tarn, entre les villes d'Albi et de Gaillac, à deux lieues de la première et à une lieue de l'autre. La conventualité s'y conserva jusque vers la fin du quatorzième siècle, que le pape Urbain V l'unit au collège régulier de Saint-Germain, de Montpellier, qu'il fonda pour les religieux de la même abbaye de Saint-Victor. Ce collège ayant été sécularisé, au seizième siècle, pour former le chapitre de la nouvelle cathédrale de Montpellier, le prieuré de Sainte-Sigolène de la Grave fut annexé au grand archidiaconé de l'église de Montpellier auquel il est encore attaché.

Les reliques de sainte Sigolène ont été longtemps conservées à Troclar ou la Grave jusques à ce qu'elles furent enfin transférées dans la cathédrale d'Albi, où on les garde. Cette sainte est reconnue pour une des patronnes du pays. On voit dans le diocèse d'Albi, de même que dans ceux du voisinage, plusieurs autres églises sous son invocation. On honore aussi sa mémoire à Metz, en Lorraine, dans une paroisse de son nom. Il est vrai qu'on prétend que sainte Sigolène, honorée dans cette ville, est différente de l'abbesse de Troclar, parce qu'il est certain que celle-ci était veuve, et que, suivant quelques martyrologes, l'autre était vierge ; mais les auteurs de ces martyrologes peuvent s'être trompés et avoir cru que sainte Sigolène, abbesse, n'avait pas été mariée. Le culte de la dernière peut d'ailleurs avoir passé en Lorraine, s'il est vrei, suivant les monuments de l'église de Metz, qu'elle était de la famille de saint Goëric ou Abbon, évêque de cette ville. Enfin nous pouvons ajouter que, suivant ses actes, elle avait un frère, appelé Babon, et un autre, appelé Sigivalde, lequel fut évêque. Or les mêmes monuments de l'église de Metz nous apprennent que Gramard, appelé autrement Babon, fut père de saint Goëric, évêque de Metz, et nous savons qu'un Sigivalde fut évêque de la même ville vers la fin du septième siècle, ce qui peut servir à confirmer la généalogie de sainte Sigolène dont nous avons déjà parlé ailleurs. Il faut avouer cependant qu'il y a de la difficulté ; car l'auteur contemporain donne le nom de Chamsice au père de sainte Sigolène, et les monuments de l'église de Metz l'appellent Godin. Il peut donc y avoir eu deux saintes de ce nom, quoique peut-être de la même famille, l'une honorée en Albigeois et l'autre en Lorraine.

Si les actes de saint Erard, qu'on fait évêque de Ratisbonne, dans le même siècle, et frère de saint Hidulphe, archevêque de Trèves, étaient aussi authentiques que ceux de sainte Sigolène, nous serions plus certains de sa patrie, sur laquelle on est partagé ; car les uns le font originaire de Narbonne et les autres de Bavière ; mais le peu de certitude des actes de ce saint ne nous permet pas de nous étendre davantage sur son sujet.

Note :
[1] La sainte Sigolène, vénérée à Metz, ne saurait être la même que l'abbesse de Troclar. La première est appelée vierge par les martyrologes ancines tandis que la seconde, d'après l'auteur de sa Vie, fut mariée et n'embrassa la vie religieuse qu'eprès être devenue veuve. Ce n'est pas qu'il faille ajouter une confiance illimitée à la Vie de l'abbesse de Troclar. Cette vie mentionne un Babon, duc d'Albi, et un Sigibaldus, évêque, frères de Sigolène, qui paraissent bien être des personnages apocryphes. Ils ne sont mentionnés nulle autre part, et jamais il n'y eut, au huitième siècle ou avant, de duc à Albi. Quant aux fables racontées par Antoine Dominici (Ansbertus redivivus), elles ont été inventées en confondant sainte Sigolène, vierge, avec la sainte veuve de Troclar, et une troisième Sigolène, religieuse, sœur de Sigibaldus, évêque de Metz. (Voir Mabillon, Annales ad ann.696.) [E.M.]


 

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La cathédrale Sainte Cécile a été inscrite au patrimoine mondial de l'humanité le 31 juillet 2010

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