Assemblée Générale des Gaules

César fit le partage des provinces de l'Empire avec le peuple romain, au commencement de l'an 727 de Rome, et reçut peu de jours après le titre d'auguste, que le peuple lui déféra de concert avec le sénat et qui, après lui, passa à ses successeurs. Ce prince s'était contenté jusqu'alors du titre d'imperator, c'est-à-dire de général commandant, qu'il avait pris lui-même. Il partit ensuite pour les Gaules et se rendit à Narbonne, où il convoqua l'assemblée générale de ces provinces, afin d'y établir l'ordre et la police, ce que les guerres qui avaient suivi les conquêtes de Jules César dans ce pays n'avaient pas encore permis. Dans cette assemblée, Auguste, sans changer la division que le même César avait fait des Gaules en Belgique, Aquitanique et Celtique, outre la Province romaine ou Gaule Narbonnaise qui faisait une quatrième partie, érigea chacune des trois premières en province, au lieu qu'auparavant elles ne formaient qu'une seule province romaine. La Belgique et l'Aquitanique conservèrent leurs anciens noms ; la Celtique prit celui de Lyonnaise, de Lyon, sa métropole. Cet empereur changea alors les limites de cette dernière, dont il démembra une grande partie, qu'il joignit à l'Aquitanique pour donner à celle-ci une étendue proportionnée aux trois autres. Il lui unit quatorze peuples qui habitaient entre la Garonne et la Loire et qui, auparavant, étaient de la dépendance de la Celtique. Du nombre de ces peuples furent ceux du Velais, du Gévaudan et de l'Albigeois, renfermés aujourd'hui dans le Languedoc. La Province romaine, qui demeura dans ses anciennes limites et continua de faire une province séparée, prit alors le nom de Narbonnaise. Auguste, après avoir ainsi disposé du gouvernement des Gaules, donna des gouverneurs particuliers à chacune de ces quatre provinces, qui furent subdivisées par la suite, comme nous le verrons ailleurs.

Cet empereur ordonna dans la même assemblée qu'on ferait le dénombrement des personnes et des biens des peuples des trois provinces des Gaules conquises par Jules César, pour régler le cens et le tribut que chaque particulier devait payer par mois. La province Narbonnaise fut maintenue dans l'usage où elle était depuis sa soumission à la République de ne payer qu'un tribut réel. Ce nouvel assujettissement à un cens personnel parut odieux aux peuples des trois autres provinces ; et ils auraient fait éclater dès lors leurs plaintes et leurs mécontentements, si Auguste n'eût étouffé leurs murmures autant par sa sagesse que par son autorité. Drusus et Germanicus, personnages des plus distingués de l'Empire, furent chargés du soin de travailler à ce dénombrement.

Sénèque fait mention d'un temple qu'Auguste fit vœu d'élever, et qu'il éleva, en effet, durant son séjour dans les Gaules, à l'honneur du vent de Cers ou de bise, qui, suivant ce même auteur, désole les provinces. Ce passage donne lieu à un commentateur de ce philosophe de conjecturer qu'Auguste fit bâtir ce temple dans la Narbonnaise, où ce vent est plus violent que partout ailleurs : on peut donc croire que cet empereur fit ce vœu durant son séjour à Narbonne et qu'il fit construire ce temple, ou dans cette ville même ou aux environs.