Prise de l'Albigeois par le duc Didier

Après cet échec, Childebert, se voyant sans ressource, eut recours à la protection du roi Gontran, son oncle, qui, touché par sa jeunesse, prit ouvertement sa défense et s'opposa aux desseins ambitieux de Chilpéric. Clovis, fils de ce dernier, était entré en Aquitaine où il avait poussé ses conquêtes jusques à Saintes. D'un autre côté, Didier, duc de Toulouse, avait marché par ordre de Chilpéric vers le Quercy, l'Albigeois et les autres pays austrasiens, voisins de son gouvernement, et s'en était emparé parès avoir défait les troupes du feu roi Sigebert, qui étaient en garnison dans la ville d'Albi. Enfin ce duc était sur le point d'entrer en Limousin et de le soumettre à la domination de Chilpéric, quand le roi Gontran fit partir en diligence contre lui Mommole, son général, avec ordre d'arrêter les progrès de ses armes et de reprendre les pays d'Aquitaine qu'il avait enlevés au jeune Childebert.

Mommole, s'étant mis à la tête des troupes de Bourgogne, s'avança jusque dans le Limousin, où Didier était déjà entré avec la sienne, composée, selon l'usage, des milices de son gouvernement. Ces deux généraux s'étant rencontrés en vinrent aussitôt aux mains. Le combat fut extrêmement sanglant ; il tourna entièrement au désavantage de Didier, qui eut beaucoup de peine à trouver son salut dans la fuite, après avoir perdu vingt-quatre mille hommes de ses troupes qui restèrent sur le champ de bataille. Mommole y perdit de son côté cinq mille hommes.