Orinine de la seigneurie et comté de Castres

Le roi, quelques jours après la conclusion de son traité avec le comte Raimond, inféoda à Philippe de Montfort, fils de Gui et neveu du fameux Simon, sous le service de dix chevaliers, la partie de l'Albigeois située à la gauche du Tarn, excepté la ville d'Albi que ce prince se réserva, avec le droit de régale et les autres droits seigneuriaux qu'il avait dans cette ville. Philippe lui fit en même temps hommage de ce pays par un acte daté de Paris, au mois d'avril de l'an 1229, c'est à dire peu de jours après Pâques. « S'il arrivait, dit le roi, dans les lettres de cet hommage, que le comte Raimond n'observât pas la paix qui a été conclue entre l'Église nous et lui ; le pays que nous avons donné à Philippe de Montfort nous reviendra, et il demeurera notre vassal, comme son père l'a été du feu roi, notre père. Que si , pour la sûreté de l'Église et la nôtre, nous gardions alors quelques-uns des châteaux du domaine qui a appartenu au père de Philippe, nous serions obligés de lui en rendre la valeur dans le domaine qu'il tient de notre libéralité au delà de la rivière d'Albi, vers Carcassonne, etc. »

On trouve ici l'origine de la seigneurie de Castres, chef-lieu du pays qui fut inféodé à Philippe de Montfort ; seigneurie qui passa à ses descendants et qui, dans la suite, fut érigée en compté ; elle comprenait tous les domaines qui avaient appartenu aux Trencavels en qualité de vicomtes d'Albi, dans la partie de l'Albigeois située à la gauche du Tarn, excepté la ville d'Albi. Il paraît que Simon de Montfort avait disposé de ce pays, après la conquête, en faveur de Gui, son frère, père de Philippe ; mais les divers événements de la guerre n'avaient pas permis à Gui d'en jouir paisiblement, et ce n'es proprement que depuis cette inféodation que cette branche de la maison de Montfort, qui s'établit dans le pays, y posséda un domaine si considérable. Philippe de Montfort, premier du nom, se qualifia depuis seigneur de Castres. Il s'engagea à Melqueil, le 7 d'août de l'an 1239, envers Bernard (de Combret) évêque d'Albi, et le chapitre de sa cathédrale, de leur assigner dans cinq ans, sur ses domaines, excepté sur les châtellenies de Lombers et d'Ambialet, les vingt livres melgoriennes de rente que Simon, d'illustre mémoire, son oncle paternel, leu avait données (en 1212) avec ordre à son sénéchal de Lombers ou à celui qui tiendrait sa terre d'Albigeois de payer en attendant tous les ans cette rente.