Origine de l'inquisition

Frère Raynier et frère Gui étaient deux religieux de l'ordre de Cîteaux. Ils furent les premiers qui exercèrent dans la Province les fonctions de ceux qu'on nomma depuis inquisiteurs. Ainsi c'est proprement à cette commission qu'on doit rapporter l'origine de l'inquisition qui fut établie dans le pays contre les albigeois et qui passa dans la suite dans les provinces voisines et les pays étrangers.
Un célèbre historien[1] de nos jours fait remonter un peu plus haut cette origine ; il la rapporte au décret que le pape Luce III fit en 1184, dans le concile de Vérone, pour ordonner aux évêques de rechercher, soit par eux-mêmes, soit par des commissaires, toutes les personnes suspectes d'hérésie ; de décerner des peines différentes aux pénitents et aux relaps, et enfin, après avoir employé les peines spirituelles contre les coupables, de les abandonner au bras séculier.
D'autres prétendent[2] que le tribunal de l'inquisition ne commença que lorsque le pape Innocent III dépouilla, en 1204, les évêques de leur pouvoir et de leur juridiction ordinaire sur les albigeois pour les transférer à frère Pierre de Castelnau et aux autres légats, ses collègues, qu'il envoya alors dans la Province.

Notes :
[1]Fleury, Histoire ecclésiastique, 1. 73, N.54.
[2]Henriquez, Annales Cistercienses, ad an. 1204, c. 3 — Cette seconde opinion semble la plus exacte ; en effet, l'inquisition est à proprement parler un tribunal extraordinaire, et les canons du concile de Vérone n'avaient fait que recommander aux évêquesd'user contre les hérétiques des droits de juridiction spirituelle qu'ils avaient toujours possédés. [A.M.]